Ce spectacle est un moment unique, celui de l'ouverture d'un espace poétique vivant et silencieux
Il est le lieu de recherche de ce duo, et prend ainsi plusieurs formes.
Dans l'une d'elles, il s'articule autour d'un texte du poète américain Barry Lopez, dans une scénographie créée autour de sculptures sonores, les "souriants" d'Agnès Colombier, mises en lumière par Flore Dupont.
Dans d'autres formes il est entièrement improvisé autour du piano ou du violoncelle.
Caroline Lagouge Chaussavoine et Gaël Mevel, orfèvres en improvisation, apprivoisent depuis vingt ans le silence, à la recherche d’une respiration, de souffles, traçant chacun un sillon où la liberté se confronte aux vigueurs de l’apprentissage, un sillon qui se nourrit, en se creusant, des terres qu’il rencontre.
Et même si le respect, l’écoute, l’élan sont en jeu, le silence est sans doute ce qui les relie de manière si forte, si claire, si palpable : ils savent que leur art y naît chaque fois, là, dans la lumière,l’ombre, le mouvement, l’immobilité, le son, et surtout dans le passage de l’un à l’autre, là où les choses sont en mouvement.
L'exigence est alors d'improviser à chaque fois ce spectacle, de réemprunter ( retracer) à nouveau ce chemin qui mène au silence, lieu de la naissance des choses.
Ici nous pouvons parler du terreau qui féconde cet arbre : la littérature, l’aube, la forêt, la voix, le vent, la pluie, l’attente, le désordre et le feu.
Une écoute très particulière, qui tisse les fils de l’intérieur à ceux de l’extérieur, une complicité extraordinaire, de celles où les choses se touchent en gardant leurs forces,
un amour du dénuement, une acceptation du risque qui transforme l’instant en présent,
amènent le spectateur à s’inscrire dans ce moment, témoin de ce langage inventé ici,
marcheur enfin sur le chemin qui s’ouvre devant lui.
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